Publié le : 07/07/2020

Linux : des responsables du codage proposent un guide terminologique inclusif qui bannit l’usage de termes comme slave et blacklist Pour contribuer à « la vision globale des relations entre races »

L’année 2020 pourrait bien entrer dans l’histoire comme celle où il y a eu une prise de conscience mondiale sur les relations raciales. Dans l’univers de l’informatique, cette « vision globale des relations interraciales » se traduit par des appels au passage à des termes considérés comme plus inclusifs dans le but de lutter contre le racisme. La tendance qui se renforce suite à la mort de Georges Floyd vient de provoquer une réaction d’alignement des responsables du codage du Noyau Linux qui proposent un guide terminologique inclusif.

La proposition est de l’ingénieur principal d’Intel, Dan Williams. Elle bénéficie du soutien d’autres mainteneurs de Linux dont Chris Mason et Greg Kroah-Hartman. Slave fait partie des mots à éviter et à remplacer par secondary, subordinate, replica ou follower. Blacklist aussi fait partie des termes visés et la proposition suggère de faire usage de blocklist ou denylist à la place. Néanmoins, elle prévoit des exceptions lors de la maintenance d’une API d’espace utilisateur ou lors de la mise à jour d’un code pour une spécification qui rend ces termes obligatoires. La proposition fera l’objet d’ajout à un nouveau document qui sera appelé « Linux kernel inclusive technology ». Ce dernier contiendra un justificatif des changements.

« La traite des esclaves africains était un système brutal de misère humaine déployé à l’échelle mondiale », souligne l’auteur de la proposition qui ajoute que « les décisions relatives au choix des mots dans un projet de logiciel moderne ne sauraient effacer ce malheureux héritage », mais peuvent aider à aller dans le sens de « maximiser la disponibilité et l’efficacité de la communauté mondiale des développeurs pour participer au processus de développement du noyau Linux. »

« La révélation de 2020 a été que des voix de personnes noires ont été entendues à l’échelle mondiale et le projet de noyau Linux a fait sa petite part pour répondre à cet appel, car il veut des voix d’individus noirs, parmi toutes les voix, dans sa communauté de développeurs », souligne encore Dan Williams.

Ce dernier insiste sur le fait que les arguments étymologiques destinés à expliquer pourquoi la terminologie dans le viseur de sa proposition ne devrait pas choquer ne tiennent pas la route. C’est un positionnement qui s’apparente à celui de David Kleidermacher de Google qui a écarté l’origine de l’utilisation des termes pour privilégier les associations black (noir) = bad (mauvais) et white (blanc) = good (bon) comme socle de son refus de participer à l’édition 2020 de la Black Hat security conference.

La proposition divise au sein de la liste de diffusion du noyau Linux. L’un des points d’achoppement est de savoir s’il faut la rendre officielle et l’intégrer à l’arborescence du projet open source Linux.

Elle s’inscrit dans une tendance générale à l’assainissement du langage technique dans l’ensemble de la communauté technologique. Après que les manifestations de Black Lives Matter ont éclaté aux États-Unis et dans certaines régions d’Europe, plusieurs entreprises ont annoncé leur intention de cesser d’utiliser des termes racistes et esclavagistes dans leur documentation technique. Des entreprises comme Twitter, GitHub, Microsoft, LinkedIn, Google, Ansible et d’autres se sont engagées à modifier le langage technique de leurs produits et de leur infrastructure afin de supprimer des termes comme master, slave, blacklist, whitelist et autres.

Ces efforts pour s’éloigner des termes jugés offensants comme master, slave, blacklist, whitelist, etc. ont commencé avant même les manifestations en lien avec le mouvement Black Lives Matter. Des entreprises et des projets open source tels que Drupal, Python, PostgreSQL et Redis avaient déjà donné l’exemple. En mai 2020, l’agence de cybersécurité du gouvernement britannique a annoncé qu’elle cesserait d’utiliser les termes whitelist et blacklist en raison de la stigmatisation et des stéréotypes raciaux entourant ces deux termes.

Source : lkml

Source : https://linux.developpez.com/actu/306947/Linux-des-responsables-du-codage-proposent-un-guide-terminologique-inclusif-qui-bannit-l-usage-de-termes-comme-slave-et-blacklist-pour-contribuer-a-la-vision-globale-des-relations-entre-races/

Les mots clés rattachés à cet article : Codage  -  Linux  -  Programmation

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